mardi 13 mars 2012

Entretien avec le Gouverneur de Bubanza sur le cas des fosses communes de Kivyuka

Suite à la décision de l’Office des routes et des autorités provinciales de Bubanza de commencer les travaux d’exhumation des dépouilles mortelles des sites qui se trouvent en bordure de la route Bubanza-Ndora, le Centre d’appui  et de réflexion des Associations des Victimes des Conflits sociopolitiques (CARAVI) a adresse une correspondance au Ministère de l’intérieur avec une demande expressive de sursoir au traçage de cette route. Une copie de cette lettre a été présentée au Gouverneur de la province de Bubanza.
C’est  dans le cadre d’échanger avec le Gouverneur  sur la polémique de ces exhumations qu’une délégation de la CARAVI s’est rendue a Bubanza en date du 24 février 2012 pour s’entretenir avec lui ; afin d’être informée sur la  situation réelle et la place des fosses communes dans le processus du  traçage de la route Bubanza-Ndora.
Lors de l’entretien, le Gouverneur a fait savoir qu’il est très conscient du problème délicat lie à la conservation des fosses communes. Pour cette raison, il a tenu une réunion lundi le 20 février 2012 avec les députés issus de la province et l’Association des victimes de Kivyuka pour voir dans quel cadre les travaux du traçage respecteraient la présence de fosses communes en cette période ou l’on s’attend a la mise en place de la CVR qui doit s’occuper de ce problème spécifiquement.
De cette réunion, il a été décidé de mettre en place une commission chargée de trouver des solutions alternatives à la question des fosses communes se trouvant au passage de la route.
Le gouverneur a fait savoir qu’il y a un nombre de sites ou se trouveraient des fosses communes. Le plus vaste contiendrait autour de 400 corps. Celui-ci se trouve prés de l’endroit ou était le marché qui fut le théâtre du massacre en 1996. Concernant ce site, la Société de construction SOGEA SATOM a pu effectuer une déviation pour la laisser intacte.
Deux autres sites moins importants, selon le Gouverneur, se trouveraient en bordure de la route qui est en train d’être tracée. Dans le premier site, il y aurait autour de 20 corps. Dans le second, il y aurait 2 corps probablement.  Il a précisé qu’en cet endroit précis, la déviation de la route est pratiquement impossible. D’où il y a une nécessité de procéder a une exhumation temporaire pour permettre aux travaux de traçage d’avancer.
Les députés et l’Association des victimes de Kivyuka avec le gouverneur se sont mis d’accord sur l’endroit ou l’inhumation pourrait être fait provisoirement en attendant les travaux de la CVR. La SOGEA-SATOM a promis d’aider  en donnant des cercueils.
Une délégation de la CICR s’est déjà rendue sur les lieux pour  collecter des informations sur la situation actuelle par rapport aux fosses et ce que l’on pourrait y faire actuellement.
Dans la recherche des alternatives à la question des fosses communes en bordure de la route, Gouverneur  dit avoir contacté le Ministère de l’Intérieur.  La rencontre avec le Ministre de l’intérieur avait pour but de demander  s’il y aurait une possibilité de retarder un peu les travaux de construction de la route afin de permettre aux experts du CICR de faire une première évaluation de la situation.
Le Gouverneur a été en contact également avec le CICR. Dans les échanges entre le Gouverneur et le Président du CICR au Burundi, il est ressorti que pour le moment il y a une nécessité de demander au gouvernement d’attendre pour  évaluer la faisabilité du travail d’exhumation du point de vue juridique, technique, psychologique etc. Le  Président du CICR a ensuite exprimé le souhait de rencontrer le Ministre de l’intérieur pour discuter avec lui de ce problème.  La dernière information indique que le ministre a donné son accord pour cette audience. La rencontre  est prévue pour ce lundi le 27 février 2012.
NB : Le gouverneur a fait savoir que, toujours dans le cadre de la construction de la route, un cimetière ordinaire sera déplacé. La population a déjà donné son accord et les travaux de cette exhumation devraient commencer bientôt. Il faut que les gens soient prévenus pour ne pas faire du bruit  parce que sous informés. Il y an effet un risque de confondre le cas de Ntamba où se trouve le cimetière ordinaire à celui de Kivyuka.

Dans tout ce processus il est temps de commencer à réfléchir sur la tache réelle des organisations des victimes pour s’impliquer davantage.  La CVR aura besoin de suggestions et de soutien de la part des organisations de la société civile. Les Associations des victimes seront parmi les principaux partenaires de la CVR. 
Pour le moment l’une des questions essentielles concerne l’obtention de la part du gouvernement, une garantie que les exhumations ne vont pas se faire sans expertise selon les normes. Mais les associations doivent continuer à réfléchir sur ce qu’elles peuvent faire comme en ce qui concerne aussi la protection des victimes.